Église de la Vôge

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Jésus et les miracles 3.

 

Introduction.

            C’est l’histoire de l’homme à la main séchée ou paralysée telle que Marc 2 :27-3 : 6  nous la raconte qui va retenir notre attention.

            Contexte. Un jour de sabbat, qui selon Luc, est le second sabbat après la fête de la Pâque d’où son nom « second premier », Jésus est interpellé par les Pharisiens qui lui reprochent de laisser ses disciples arracher des épis de blé, sans doute pour les froisser dans leurs mains et les manger. Jésus donnera une réponse qui se termine par une véritable bombe qui va faire du remous 2 : 27 -28 PDV « Et Jésus ajoute: «Dieu a fait le sabbat pour les êtres humains, il n’a pas fait les êtres humains pour le sabbat.  C’est pourquoi le Fils de l’homme est le maître même du sabbat.». Cette phrase de Jésus est une véritable révolution p.c.q. elle remet la loi et les usages en question.

             C’est durant l’un des sabbats suivants que Jésus fera le miracle qui va nous occuper.

L’homme à la main sèche.

 

Lecture Mc. 2 : 27-3 : 6.   

            On pourrait donner à cette histoire le titre de « Jésus maître du sabbat »,  et comme nous l’avons vu avec la femme hémorragique, le miracle ici va encore une fois authentifier le message.

            Là encore, pour bien comprendre le message, il nous faut, en tout premier, revenir sur ce que représente le sabbat au temps de Jésus.

                        Le sabbat.

             Voici ce qu’écrit A. Maillot : « Ce jour de repos hebdomadaire, était au commencement un jour de joie et une délivrance. Petit à petit ce commandement est devenu le commandement le plus développé et, paradoxe, le commandement du repos et de la détente était devenu le plus tracassier, le plus énervant et le plus empoisonnant de tous. On devait se surveiller 24 heures durant et être continuellement sur le qui-vive pour ne pas transgresser ce commandement. L’ordre du repos n’était pas de tout repos. Le jour de la liberté était devenu le jour de la pire servitude. Tôt ou tard la loi devient, à cause de l’homme, « légaliste ».Elle se fige, de table vivante elle devient pierre tombale ».

            La loi était devenue « légaliste » et plus tard Paul le dira à sa façon dans Ro.7 :6  BFC « Mais maintenant, nous sommes libérés de la loi, car nous sommes morts à ce qui nous retenait prisonniers. Nous pouvons donc servir Dieu d’une façon nouvelle, sous l’autorité de l’Esprit Saint, et non plus à la façon ancienne, sous l’autorité de la loi écrite ».

            L’affirmation de Jésus « Le Fils de l’homme est le maître même du sabbat », le place au dessus de Moïse, au dessus de la loi, et il se met ainsi à la place de Dieu. Il a blasphémé, il doit mourir v.6 « Aussitôt, les pharisiens sortirent de la synagogue et allèrent se concerter avec des membres du parti d’Hérode sur les moyens de faire mourir Jésus ».

 

                        Guérison de l’homme à la main sèche.

            Derrière le miracle, il y a le message, un message révolutionnaire pour le temps de Jésus. Le Christ est venu pour mettre  le commandement au service de l’homme, au service de sa liberté et de son épanouissement. Là encore il nous faudra découvrir ce que ce message nous dit à nous au 21e siècle.

            Pour que ce message ne soit pas seulement un discours parmi d’autres, Jésus va donner la preuve de son autorité en guérissant  cet homme qui se trouve dans la synagogue.

                        Quelques symboles à prendre en considération derrière cette guérison ! 

- Cet homme est l’image de l’israélite le jour du sabbat. Il a des mains, il ne peut rien en faire, c’est interdit de s’en servir. La loi a séché ses mains et par contre coup son cœur.

- Cet homme est dans la synagogue, mais cela n’a aucun effet sur son problème ! Il connaît la loi, mais elle ne lui rend pas l’usage de sa main, bien au contraire.

- Jésus est surveillé attentivement v.2. Mais ce qui est navrant c’est que cette observation est là, non pour mieux connaître ce « rabbi » particulier, mais pour l’accuser, fin v.2.

- Le problème qui agite la synagogue est de savoir si Jésus allait guérir un jour de sabbat ? Il faut savoir que cette question faisait débat entre les différentes tendances pharisiennes. Note BS « Pour certains on ne pouvait soigner quelqu’un le jour du sabbat que s’il était en danger de mort. D’autres autorisaient l’utilisation de médicaments à condition qu’ils aient été préparés avant le sabbat. Les pharisiens les plus stricts interdisaient, ce jour là,  même la prière pour les malades ».  Les Pharisiens « interprétaient » la loi de façon plus ou moins large, mais jamais n’auraient osé toucher au commandement lui-même. Jésus lui, va le faire et mettre le commandement au service de l’homme

- La question de Jésus v.4 « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal? A-t-on le droit de sauver une vie ou faut-il la laisser se détruire? »  Drôle de question pour des gens censés connaître la loi, une loi qui leur demandait non seulement d’aimer Dieu, mais d’aimer leur prochain. Mais du côté des pharisiens il n’y a pas de réponse « Personne ne dit mot ».

- Le regard du Seigneur, face à ce silence, est de colère et de tristesse. Colère de voir que ceux qui se réclament de Dieu, non seulement ne comprennent pas Sa volonté, mais au nom de ce Dieu et de Sa Parole, refusent qu’on fasse du bien à l’un de Ses enfants. Mais aussi tristesse face à tous ces gens dont le cœur est desséché, « navré face à l’endurcissement de leur cœur » qui les empêche d’agir (Les mains sèches).

- Le miracle tient en 3 mots « étends la main ».  Cet ordre, car cela en est un, Dieu le propose encore aujourd’hui. Le résultat « sa main fut rétablie ». Elle a retrouvé sa fonction.

                        Que retirer de ce texte pour nous aujourd’hui ?

            J’essaierai de répondre à 3 questions qui peuvent nous mettrent mal à l’aise, si nous considérons que le Seigneur n’a rien à nous reprocher. Elles visent :

  1. Le sabbat-Dimanche et nous !
  2. L’état de notre cœur et de nos mains
  3. La guérison proposée.

                        1) Le sabbat (Dimanche) et nous.

            Le dimanche a remplacé le sabbat, et ce jour nous rappelle la délivrance de Pâques, il est donc un jour qui nous libère, nous fait du bien, nous réveille et nous guérit. C’est la théorie, mais qu’en est-il de la pratique ? Quand nous chantons « Je suis dans la joie quand on me dit, allons à la maison du Seigneur » est-ce vrai ? Ce jour ne doit pas nous enchaîner, à des lois et des rites. « Le dimanche a été fait pour l’homme et non pas l’homme pour le dimanche ». Cela signifie-t-il que le culte n’est pas obligatoire ? En tout cas il ne peut être une contrainte ! Cela fait partie de notre liberté, c’est le tout est permis, même de ne pas aller au culte, mais tout n’édifie pas.

            Mais nous devons nous poser la question : si nous n’allons pas dans la maison du Seigneur, où apprendrons-nous à  connaître la vraie liberté ?  Le monde nous propose d’autres libertés pour le dimanche qu’il appelle « l’exode dominical ». Des dimanches consacrés à la déesse nature, avec le retour à l’esclavage le dimanche soir.  Le « monde » qu’on peut traduire par « le présent siècle », voudrait aussi nous imposer ses lois, le sacro-saint week-end d’une soi-disant détente , le monde avec toutes ses lois qui nous souffle « J’y ai droit, ou j’ai droit à… ». A ces adorateurs là que dirait Jésus ? « Ce n’est pas l’homme qui a été fait pour le dimanche, mais le dimanche pour l’homme. Le dimanche, nous dirait Jésus, je l’ai créé pour toi, pour que tu en profites, que tout ton être soit renouvelé, corps, âme et esprit. Ce dimanche est à ta disposition, qu’en fais-tu ?

            Permettez moi de citer encore une fois A. Maillot « Nos contemporains n’ont rien à envier aux Juifs  du temps de Jésus : la religion du dimanche, l’exode du dimanche, le conformisme et le panthéisme du dimanche avec l’adoration des arbres, des sources (polluées), la prêtrise gendarmée et casquée du dimanche, sans oublier les collectes sur les autoroutes, ne sont pas moins exigeants, pas moins rigoureux, pas moins réglés , ni moins contraignants que la religion du sabbat ». Qu’en est-il de nos dimanches ?

                        2) L’état de notre cœur et de nos mains !

            L’homme dans la synagogue est, et reste paralysé, sec, inutile. L’apôtre Paul, en parlant aux Corinthiens, les interpelle assez rudement quand il leur dit « je n’ai pas à vous féliciter: vos réunions, loin de vous faire progresser, vous font du mal. 1 Co.11 :17 (TOB). Dans cette histoire, La loi qui devait aider l’homme à agir et à aimer, devient ce qui le paralyse et le dessèche.  Pourquoi ? Pcq la loi n’est plus au service de l’homme pour l’aider à mieux connaître Dieu.

            Entre les pharisiens et Jésus la différence porte sur la façon de considérer la loi. Pour les Pharisiens elle est un  précepte absolu, une règle à prendre à la lettre, alors que Jésus reconnaît dans ces préceptes, des principes d’enseignement, des directives générales qui débouchent sur des actions différentes selon les circonstances. Cela permet aux hommes d’appliquer ces préceptes d’une façon qui plaît à Dieu.

            Pour les pharisiens, l’essence du Quatrième Commandement était ce précepte : Vous ne devrez pas travailler. Pour le Seigneur Jésus, l’essence de ce commandement était ce principe : Pense à observer le jour du sabbat pour en faire un jour consacré à l'Eternel quelque soit le lieu où tu te trouves, même si tu es sur ton lieu de travail.

            Il n’y a pas que la question de la loi de Moïse qui doit nous préoccuper, mais tous les systèmes, tous les règlements intérieurs et toutes les liturgies et théologies, qui sont faites pour nous aider à aimer Dieu et notre prochain, et qui peuvent devenir très vite des écrans, des scléroses et des blocages.  Il y a aussi  les textes, tirés de leur contexte, et que nous n’utilisons que pour confirmer nos thèses favorites. Finalement dans tous les domaines, dans et hors de l’Eglise, on retrouve des gens à la main et au cœur desséchés par le système.

            Le pire, c’est que dans ce système, on est là pour observer, pour voir si les autres se conforment au système. Pour les Pharisiens leur amour de la loi, pour elle-même, les a conduitsau meurtre.

            Alors où en sommes-nous ? Qu’est ce qui a le plus de valeur, la loi, notre loi à nous qui exige, ou bien la loi de Dieu qui nous aide et nous montre comment aimer l’autre ?  Frères et sœurs, puisons-nous  nos principes aux sources vivifiantes des lois du Royaume ou nous abreuvons-nous aux citernes d’eau polluée des systèmes mis en place par les hommes. Les pharisiens étaient si dévoués au précepte de ne pas travailler qu’ils négligeaient – en fait violaient – le principe de garder le sabbat comme Dieu le désirait. «  Il nous faut sans cesse nous reposer la question : Pourquoi avons-nous reçu l’Ecriture, La Parole ? Pour libérer ou écraser ? Pour agir ou oublier ? Pour bouger ou pour nous dessécher ? » (A. Maillot).

 

                        3) La guérison proposée.

            Elle s’effectue en deux temps et ce principe est vrai pour toutes les guérisons et les libérations que le Seigneur veut faire en nous :

            Ÿ  « Lève-toi et mets-toi là, au milieu, devant tout le monde ». Il faut une prise de conscience générale, tous, y compris le malade, doivent réaliser l’étendue des dégâts. C’est trop facile de penser que c’est le problème de celui qui a la main desséchée, tous sont visés par cet ordre, ceux qui l’entourent, l’enseignent, ceux qui l’abandonnent à son triste sort.

            Il s’agit bien d’un jugement de la part du Seigneur, et je reviens aux déclarations de Paul aux Corinthiens quand il parle des rassemblements qui ne glorifient pas Dieu, il ajoute v.31 « Si nous discernions ce que nous sommes, nous ne tomberions pas sous le jugement ». Que l’Esprit Saint nous sonde et nous révèle ce qui en nous et dans notre communauté l’attriste.

            Ÿ « Etends ta main », c’est un acte de foi  et un défi qui nous sont proposés. C’est Jésus-Christ et Lui seul qui peut faire une telle proposition. Non seulement il peut guérir nos mains sèches, mais aussi nos cœurs sclérosés et ce sera un bien plus grand miracle.

Jean klopfenstein