Église de la Vôge

foret4.jpg

Le lavement des pieds.

Lecture Jean 13, 1 à 20.

Le contexte : Nous sommes le jour avant la fête de Pâque. Pâque est une fête juive importante lors de laquelle le peuple vient à Jérusalem pour offrir des sacrifices en souvenir de la sortie d'Égypte, souvenir du jour où Dieu est intervenu pour libérer son peuple de l'esclavage.
Jésus sait que son heure est venue, c'est à dire le moment où il doit passer de ce monde au Père. lavement-piedsIl sait qu'il sera bientôt trahi par Juda, arrêté, jugé, crucifié et mis au tombeau. Mais il sait aussi que trois jours après il ressuscitera. C'est son heure et c'est pour cela qu'il est venu. (Ou qu'il est sorti du Père).
Et là au cours du repas alors que Jésus sait qu'il vit les dernières heures de sa vie terrestre avec ses disciples, il va faire un geste tout simplement incroyable.
Il va se lever, enlever ses habits, mettre un linge autour de lui, prendre un bassin, mettre de l'eau, venir aux pieds de ses disciples en s'abaissant et il va leur laver les pieds.
24 pieds à laver et à essuyer, ça prend un certain temps. À partir du moment où Jésus se lève jusqu'au moment où il s'assoit, ça a duré au moins 40min. (Je pense au minimum) C'est long surtout pour les disciples.
Le silence est interrompu par Pierre, mais le dialogue est très court. Toute la scène se passe dans le silence. Un silence profond, gêné où on ne devrait entendre que le bruit de l'eau. Les disciples ne doivent vraiment pas comprendre pourquoi Jésus fait cela. La preuve est qu'il va prendre le temps de leur expliquer son geste assez longuement.
Évidemment, à l'époque, le lavement des pieds est une chose normale, quand on invite une personne : on lui donne de l'eau pour qu'il se lave les pieds ou c'était un esclave qui lavait les pieds. Cela fait partie des règles de l'hospitalité.
Mais si vous aviez un esclave hébreu, vous ne pouviez pas lui demander de laver les pieds.
Et là c'est le maître, le Seigneur, qui s'abaisse pour laver les pieds de ses disciples. Troublant. Il renverse les règles établies.
Je voudrais dire une chose à propos de Juda. Juda dans l'évangile de Jean symbolise le mal.
Le narrateur précise que le diable a déjà mis dans le cœur de Juda le projet de livrer Jésus. Malgré cela Jésus va aimer Juda comme les autres, il s'abaissera devant Juda, et lui lavera aussi les pieds.
Quand les disciples sont arrivés à la chambre haute, ils avaient sûrement fait les bains rituels qui leurs permettent de manger la pâque, ils sont baignés/ purifiés et donc quand ils arrivent, ils ont juste les pieds sales puisqu'ils marchent en sandales.
Donc Juda a fait les bains rituels, il se fait laver les pieds, et pourtant le dialogue entre Jésus et Pierre montre que Jésus sait que Juda n'est pas pur. Cela montre bien que les rites extérieurs ne peuvent pas purifier l'intérieur. L'eau ne peut pas laver le mal qui est dans le cœur, elle ne peut être que symbolique. Seul le sang de Jésus peut purifier du péché.
En ce qui concerne Juda, nous pouvons voir quel amour inimaginable Jésus lui montre en lui lavant les pieds tout en sachant qu'il va le trahir dans l'heure qui suit.
Revenons à ce que Jésus fait. Le narrateur nous dit par cet acte que Jésus accomplit qu'il a aimé ses disciples jusqu'au bout.
Pourtant l'amour de Dieu a été manifesté à la croix. L'apôtre Paul dira dans la lettre aux Romains : « Mais voici comment Dieu prouve son amour envers nous : alors que nous étions pécheurs, Christ est pour nous »Romains, 5, 8.
Comment interpréter ce geste du lavement des pieds ?
On voit qu'il y a dans le texte deux moments :
 Le geste. 2) L'explication.
 Le geste de Jésus avec le dialogue avec Pierre et le vocabulaire employé va dans le sens du pardon des péchés.
Relire le verset 10.
Ils reviennent des bains rituels, ils sont donc baignés, donc symboliquement purifiés. Mais ils se sont sali les pieds sur le chemin et donc il suffit qu'ils se lavent les pieds pour être entièrement propres donc symboliquement entièrement purs.
Aujourd'hui, nous ne pratiquons plus de bains rituels. Mais après la conversion, nous avons un symbole fort par rapport à la purification des péchés qui est le baptême. Nous sommes à ce moment-là plongés dans l'eau.
Il y a une dimension symbolique : nous sommes morts avec Jésus, et ressuscités avec lui.
Mais ce n'est pas parce que nous sommes convertis et baptisés que nous ne péchons plus. Nous avons donc régulièrement besoin que Jésus nous pardonne et nous purifie de nos péchés. Car les chemins sur lesquels nous marchons ne sont pas toujours propres.
Mais chaque fois que nous revenons à Jésus, même si cela nous paraît incroyable, Il nous pardonne, il nous purifie. Même si nous ne comprenons pas pourquoi il nous aime autant et de manière inconditionnelle le, il nous pardonne et nous purifie de nos péchés.
Je vous invite à lire 1 Jean 1, 5 à 2,2.
Maintenant, il y a l'explication de Jésus. « Comprenez- vous ce que je vous ai fait ?» v 12
Et là nous pouvons remarquer que dans son explication Jésus ne parle pas du pardon, mais de service.
Je pense qu'il y a une question importante pour bien comprendre les paroles de Jésus.
Quel est à ce moment l'état d'esprit des disciples ?
Il est dit dans l'évangile de Luc qu'il y eut une rivalité entre les disciples pour savoir qui devait être considéré comme le plus grand et cela se passe au moment de cette soirée. 
(Luc 22, 24)
24 Il s'éleva aussi parmi les apôtres une contestation: lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand?
25 Jésus leur dit: Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs.
26 Qu'il n'en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert.
27 Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? N'est-ce pas celui qui est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
En fait, avec les mots d'aujourd'hui, nous pourrions dire que les disciples pensent sûrement que Jésus va rétablir son royaume. Donc, il va y avoir un nouveau gouvernement et ils étaient en train de se battre pour savoir qui serait le premier ministre. Linda Oyer dit « qu'ils jouaient des coudes pour avoir la meilleure place dans le royaume ! »
Ils ont en eux une mauvaise conception de la mission qui les attend. L'ensemble des évangiles montre leur désir de toute puissance « Qui est le plus grand ». Mais Jésus connaît aussi leur faiblesse, leur fidélité limitée, leur amour limité, leur peur qui les amènera à l'abandonner. Au moment de la crucifixion, ils brilleront par leur absence.
Et là, leur dispute dans la chambre haute montre qu'ils sont encore remplis de la mentalité du monde, ils ont une conception du ministère qui est calquée sur celle des grands de ce monde.
Ils ont en eux l'idée que le gouvernement actuel va être renversé et que c'est eux qui vont régner avec Jésus. Il est le roi et nous sommes son gouvernement.
Le seul problème qui les préoccupe dans cette dernière soirée avec Jésus c'est de savoir qui a marqué le plus de points pour être le premier ministre.
Jésus est le maître, mais jamais il n'a exercé sur eux une domination. Tous ses gestes sont motivés par l'amour de l'autre et non par un amour égoïste.
De plus, Jésus ne trouve pas son identité dans le regard des autres. Il trouve son identité dans sa relation avec le Père. Dans la connaissance de l'amour que le Père a pour lui.
Il est le Seigneur et il s'abaisse dans un acte libre et volontaire.
Je paraphrase l'explication que jésus donne : Il commence à dire « Vous avez raison de m'appeler Seigneur, vous dites là une vérité, car je le suis et parce que je suis le Seigneur, le maître, je vois bien que vous êtes choqués par ce que j'ai fait parce que vous avez encore une conception fausse de ce que veut dire servir. Vous appliquez encore l'échelle sociale du monde sur laquelle vous espérez grimper et chacun de vous espère être tout en haut. »
Nous pouvons dire que Jésus leur enseigne que pour entrer à son service, pour y avoir part, à l'image de Jésus qui s'est dépouillé de ses habits et a mis l'habit du serviteur, les apôtres sont appelés à se dépouiller de leur soif de puissance, de pouvoir, de leur ego, pour revêtir l'habit de l'humilité et de service.
Ils vont devoir apprendre que le plus grand dans le royaume de Dieu c'est celui qui sert. Que celui d'entre eux qui veut être le premier ministre doit être celui qui sert les autres.
Jésus ne leur demande pas maintenant qu'ils se mettent en file indienne pour lui laver les pieds. Ils se seraient tous jetés sur la bassine, mais il leur demande de laver les pieds des uns et des autres. Un peu plus dur...
Il leur demande d'être au service les uns des autres. Il y a ici une dimension communautaire.
Je pense que l'on peut comprendre intellectuellement que nous devons nous dépouiller de notre moi, notre ego, notre soif de gloire pour pouvoir revêtir le manteau de l'humilité et du service. Mais nous sommes bien conscients que cela n'est pas facile.
Pour y arriver, nous avons besoin de confesser notre faiblesse, face à la soif de gloire des hommes. Nous avons besoin que Jésus lui-même nous purifie, nous lave, et nous libère de nous-mêmes. Pour que nous puissions être remplis de son Esprit.
Au verset 17 Jésus dit « Si vous savez cela vous êtes heureux, pourvu que vous les fassiez »
En commentant ce verset Linda Oyer dit « Ce verset insiste sur le développement d'un style de vie vécu dans le service et l'humilité » Page 31
Je rajouterai, bien que ce ne soit pas dans le texte, que ce style de vie ne peut être vécu que par la puissance du St Esprit qui agit en nous, mais pour que cette puissance agisse en nous, il faut venir à Jésus tels que nous sommes et lui dire : « je n'y arrive pas, viens à mon secours ».
Et quand nous aurons revêtu cet habit du service, de l'humilité, nous pourrons laver les pieds de nos frères et sœurs pour leur montrer combien Jésus les aime.
AMEN
Jean-Pierre