Église de la Vôge

foret4.jpg

L'arbre et son fruit Mat 7, 15-20

Nous avons déjà évoqué des passages du Sermon sur la Montagne, où Jésus nous enseigne que la véritable justice se situe au niveau du cœur et pas seulement au niveau du comportement. C'était le problème des pharisiens au temps de Jésus qui préféraient observer des règles que d'agir avec le cœur. Le comportement extérieur n'est pas tout ce que Dieu désire.

Cette justice, cette vie de justifié ne peut être réduite à de simples actes destinés souvent à nous faire paraître comme meilleurs que nous ne sommes en réalité. Ce serait une grâce à bon marché. Ce qui a couté cher à Dieu ne peut pas être bon marché pour nous. Il y a l'intérieur, il y a ce qui transparaît à l'extérieur, comment reconnaître le vrai du faux. Lecture

Face au risque de se tromper ou d'être trompé, ces versets nous apprennent comment le risque de confusion peut être prévenu. Les faux prophètes, que Jésus décrit comme des loups ravisseurs, peuvent se déguiser en brebis, mais un arbre ne peut pas se déguiser, ni cacher longtemps son identité. Tôt ou tard, il sera trahit par ses fruits. Tout bon arbre porte de bons fruits, mais l'arbre malade porte de mauvais fruits (pas mangeable, sert à être jeté). Il n'y a pas voie neutre. Nous allons méditer sur l'image de l'arbre et de son fruit et faire la comparaison avec le chrétien au travers d'une petite leçon de botanique

Comment être un bon arbre ou comment fonctionne un bon arbre. Un bon arbre a de bonnes racines, c'est connu et certaines sont très profondes et peuvent atteindre 30-40 mètres. Mais les racines ne servent qu'à transporter l'eau puisée dans le sol. En fait les racines se terminent par des radicelles, des espèces de cheveux, très longs qui fonctionnent comme une éponge, et qui puisent l'eau et les minéraux du sol. Comment les racines puisent les minéraux ? Elles secrètent un acide qui est capable de dissoudre le calcaire. Cette eau chargée de minéraux va, malgré la loi de la pesanteur, alimenter tout l'arbre. Un arbre moyen de 7m à 10m peut consommer env. 200litres d'eau par jour sauf en hiver. Cependant les 200 litres puisés hier ne sont pas suffisants pour aujourd'hui, donc l'arbre puise en permanence.

Voila qui nous enseigne quelque chose sur la croissance en vue d'être un bon arbre. Nos racines spirituelles doivent plonger profondément dans la personne et l'amour du Seigneur. Dans Mat 13, la graine semée dans un endroit pierreux avec peu de terre sécha au soleil, faute de racines. Nous devons puiser chaque jour l'eau de sa Parole en la lisant, en la méditant, même en mémorisant certains passages pour être pénétré de la pensée de Dieu. Cependant, la lecture d'hier c'est le pain rassis d'aujourd'hui, il faut donc puiser en permanence. Les Israélites dans le désert cherchaient chaque matin la manne, ils ne pouvaient pas la stocker. Au fur et à mesure que nous assimilons cette Parole de Dieu, elle devient la sève de notre vie et transformera notre personne avec les minéraux issus de la Parole de Dieu. Comme la sève monte dans l'arbre, la vie de Christ s'élève en nous, nous remplit, nous préservera de l'erreur et neutralisera tous les glissements vers le bas que voudrait nous imposer l'adversaire par ses doutes, ses compromis, ses séductions. Car bien sûr, nous faisons d'autres lectures (magasines) et il faut opérer un choix. Parce qu'il tentant de penser que nous pouvons meubler notre esprit de n'importe quelle nourriture qui est à portée de mains et facile à prendre, pourvu que cela me plaise et me fasse du bien. Combien de vies brûlées par les émanations toxiques de certaines lectures, d'articles aux abords inoffensifs. L'adversaire a pour but de nous distraire et de nous éloigner...

Ceci m'amène à une 2e caractéristique d'un bon arbre. C'est le dépouillement naturel des feuilles et brindilles mortes. Si on reste un moment sous un cèdre ou sous un grand sapin, on observera la chute incessante de débris d'écorce ou d'aiguilles. C'est parfois comme une fine pluie continuelle qui tombe sur le sol. Souvent après une bonne rafale de vent, on peut voir un véritable tapis de brindilles, de feuilles, d'écorces projetées à terre. Cette espèce de mort quotidienne que l'on peut penser douloureuse pour l'arbre est l'une des activités de croissance la plus salutaire. Ainsi, il peut arriver, dans notre marche avec le Seigneur, de nous séparer de ce qui n'encourage ni n'édifie pas vraiment, de nous défaire d'habitudes ou façons de faire.

Jésus dit : si quelqu'un veut venir après moi, ou si quelqu'un veut faire de moi sa première priorité, qu'il renonce à lui- même, qu'il ne compte pas réaliser ses plans, ses désirs, ses revendications personnelles ou que ses relations amicales passent en 1er. Une mort à soi même, mais qui est l'activité la plus bénéfique pour notre croissance spirituelle.

Il y a un 3e élément clef qui favorise la croissance de l'arbre : c'est la lumière. Dans une forêt, on découvre vite la rivalité qui se vit entre les arbres et les arbustes, chacun étirant au mieux ses rameaux vers le soleil pour recevoir un maximum de lumière. Les branches trop basses et les jeunes pousses risques de ne pas en avoir assez et risquent d'être rabougries et souffreteux. On appelle cela faire de l'ombre. Chaque feuille de l'arbre est pourvue de cellules qui captent la lumière, permettant de produire ce qui est nécessaire à la croissance de l'arbre. C'est pourquoi la feuille réagit à la lumière et se tourne vers elle selon le meilleur angle. Même pour les sapins, les aiguilles pivotent pour atteindre la position la plus bénéfique pour capter un maximum de lumière.

Il en est de même dans le domaine spirituel. Source de toute vie, Dieu nous entoure du rayonnement de sa personne, de son amour, de sa fidélité, de sa grâce, mais aussi de sa sainteté, de sa justice. Comment est ce que je réagis à sa lumière ?

Est-ce que je me tourne vers elle pour recevoir les éléments qui favorisent la croissance, est ce que je me tourne vers elle selon l'angle le plus favorable pour qu'elle éclaire aussi ce qui est plus trouble, ma face cachée, afin que tout paraisse à la lumière et que tout soit purifié. Se tourner vers (la lumière), c'est se détourner de ce qui a captivé notre attention, notre regard.

Il reste à mentionner le climat. Chaleur accablante, pluies torrentielles, bourrasque de vent, surcharge du givre, tout ceci contribue à la vitalité de l'arbre qui poursuit sa croissance en beauté, en stature jusqu'à devenir un arbre remarquable. Dans notre vie, nous subissons les mêmes assauts, mais nous cherchons à échapper aux situations difficiles, aux contrariétés, à l'adversité en nous protégeant de toutes sortes de manières. Pourtant ce sont les méthodes de Dieu pour favoriser notre croissance, pour que nous atteignions la maturité et la pleine force de notre foi et que nous dégagions ainsi une odeur qui lui est agréable. Par exemple, le bois de cèdre possède un arôme imprégné de sucs et de résine parfumée, réputé pour repousser les insectes indésirables, les parasites et les mites. Ainsi la vie de Christ en moi fera pâlir et repoussera ce qui pourrait me séduire. Vers Jésus tourne les yeux et les choses de la terre pâliront peu à peu.

Puiser en permanence, se dépouiller en permanence, se tourner vers la lumière en permanence, comme un moteur 3 temps, est ce que ma vie chrétienne fonctionne avec ces 3 temps. Je ne me soucie pas de produire les fruits, puisque Jésus dit que de toute façon l'arbre en porte. Revenons à la case départ. Tout bon arbre porte de bons fruits, vous les reconnaîtrez par la qualité de leurs fruits. Quelle qualité de fruit nous donnera l'assurance que nous sommes dans le vrai ? N'oublions pas que Jésus parle des faux prophètes ici. Il savait qu'il en existerait en nombre. Inutile de mettre un écriteau : Attention chien méchant si les seuls animaux d'une maison sont 1 chat et un canari. Il ne suffit donc pas de voir l'arbre et ses fruits de loin, mais voir de plus près.

Il y a plusieurs critères pour évaluer la qualité du fruit

D'abord, il y a le critère du style de vie. Porter le fruit dont parle l'apôtre Paul. Gal 5,22. On peut rapprocher cela de ce que Jacques dit au sujet de la sagesse d'en haut Jac 3,17 : Lorsque ces traits de caractère sont manifestes, il y a lieu de penser que celui qui enseigne est dans la vérité. Aux églises d'Asie, envahies par les faux docteurs et les faux prophètes, Jean recommande d'éprouver les esprits pour voir s'ils sont de Dieu. Il les encourage à regarder à la justice (style de vie) et à l'amour des prophètes. 1jn4

S'ajoute à cela un test doctrinal. Tout enseignement sera confronté à ce qu'a enseigné Jésus Christ et les apôtres. Au test de la manière de vivre et du contenu de l'enseignement auquel le prophète doit être confronté, s'ajoute le critère de l'influence exercé par son enseignement. Quelque fois le caractère fallacieux d'un enseignement n'est perceptible ni dans le comportement, ni dans le contenu de l'enseignement, mais ses résultats sont désastreux. Ils ne produisent pas la foi encore moins l'encouragement à la suite de Christ. Un oui devient un oui mais, un non un non mais, il n'y a plus de choix radical, le chemin étroit est plus large qu'on ne le dit et le chemin large ne mène pas à la perdition. Tous les chemins mènent à ....C'est à ce mal que Paul fait référence lorsqu'il dit que l'erreur prospère comme une gangrène'2 Tim2,17. Le doute induit subtilement finit par renverser la foi. Ce que Jésus nous enseigne est en tout cas un appel solennel à discerner ensemble le vrai du faux, l'authentique du paraître. C'est aussi un appel à nous démarquer en tant que témoin de la grâce, à être un arbre remarquable.

Tout bon arbre porte de bons fruits. Quel type d'arbre suis-je ? Harmonieux, rabougri souffreteux, épineux ? Est-ce que je puise, je me dépouille, je me tourne vers la lumière ? Quelle qualité de fruit porte l'arbre que je suis. Ce n'est pas nous qui allons le dire, c'est le Seigneur qui va le demander aux autres. Mais ces fruits sont plus utiles s'ils font envie aux autres et qu'ils les emportent. Nous sommes là pour la récolte des autres. Les saisons ne sont que pour les arbres. Nous, nous devons porter en permanence ce dont les autres peuvent emporter avec eux dans leur corbeille. Nous sommes inutiles si les autres ne trouvent rien à nous prendre, pas même un peu de temps, une présence, une parole d'encouragement, pas même un menu service. Tout ce qui nous restera un jour, c'est ce que nous aurons pu mettre dans la corbeille des autres. On demandera : j'étais sous quel arbre remarquable ?

Gal5,22 : l'amour, la joie, la paix, la patience, le bon caractère, l'amabilité, la serviabilité, la bonté, la générosité, la fidélité, la confiance dans les autres, la douceur, la modestie, l'humilité, l'aptitude à céder et à s'adapter, la tempérance, la chasteté, la maîtrise de soi. Jacq3,17 : la sagesse d'en haut est pure, pacifique, modérée, conciliante, exempte de duplicité et d'hypocrisie, pleine de bons fruits. Ceux qui créent la paix autour d'eux sèment la paix et le fruit qu'ils récoltent est une vie juste.

Et j'en suis loin, je voudrais qu'au moins un de ces traits de caractère soit visible