POURQUOI DIEU PERMET-IL LA SOUFFRANCE ?
Qui ne s'est jamais posé cette question ? Pourquoi Dieu permet-il que ses enfants qu'il a rachetés à grand prix soient éprouvés, parfois durement ?
Pour essayer de donner des éléments de réponse, je vous invite à lire les deux premiers chapitres du livre de JOB.
LECTURE JOB 1-2
Suite à cette introduction du livre, vont suivre en fait quatre discours puisqu'un autre ami plus jeune apparaît plus loin, il s'agit d'Elihou.
Nous pouvons dire qu'ici chacun a sa théorie de la souffrance. Mais finalement tous les discours de Job et de ses amis vont montrer l'échec de la sagesse traditionnelle face à un cas exceptionnel comme celui de Job.
Nous sommes ici en présence de 4 théories assez différentes sur la souffrance.
Cinq petites remarques s'imposent avant de voir ses théories.
1) La première réaction des amis de Job en arrivant : Le silence pendant 7 jours et 7 nuits.
- Est-ce une manière d'écouter la souffrance ? Une manière d'exprimer leur compassion ?
2) Dans leurs discours, la mauvaise compréhension de la souffrance de leur ami a été une source de trouble pour Job
3) Je pense que nous pouvons dire que Job a cherché sa réponse en Dieu
4) Job sortira de cette épreuve avec une connaissance de Dieu qu'il n'aurait jamais osé espérer et de grandes bénédictions.
5) Les différentes théories ont toutes une part de vérité.
La première théorie : défendue par Eliphaz : Tous les êtres humains sont pécheurs et doivent souffrir, mais si le coupable s'humilie, il sera pardonné et rétabli.
En partie vrai. Dans le lévitique au chapitre 26 L'obéissance amène la bénédiction et la désobéissance la malédiction. Nous voyons aussi cela dans le livre des juges.
Dans le livre des proverbes ( 22, 8) il est dit « Celui qui sème l'injustice moissonne le mal ».
Nous avons aussi beaucoup de textes qui montrent que le pardon suit la repentance.
La deuxième théorie : défendue par Bildad : Un Dieu juste ne saurait punir un innocent. Ce qui revient à dire que le problème est du côté de Job. On y voit un souci de prendre la défense de Dieu.
En partie vrai. L'A-T déclare que la droiture procure la prospérité et la méchanceté provoque le malheur. (Ex du Psaume 1)
La troisième théorie : défendue par Tsophar : Si Dieu se mettait à parler à Job, il lui montrerait qu'il l'a traité avec indulgence. En d'autres termes « Tu n'as pas ce que tu mérites »
Psaume 103 dit « Il ne nous traite pas selon nos péchés, il ne nous rend pas selon nos fautes »
La quatrième théorie : défendue par Elihou : Dieu utilise la souffrance comme moyen d'éducation.
Hébreux 5, 8. « C'est par la souffrance que le fils a appris l'obéissance »
Notons qu'à la fin du livre quand Dieu se révèle il n'est pas fait mention d'Elihou, il ne lui a pas fait de reproche et le sacrifice de pardon ne le concerne pas.
LE PROBLÈME : C'est que Job ne voit pas comment concilier les théories de ses amis avec sa propre expérience. Job sait qu'il est innocent de tout péché. (Il ne dit pas qu'il n'est pas pécheur)
Il est tellement sur que le problème n'est pas un péché caché dans sa vie qu'il est prêt à plaider sa cause devant Dieu. (Job 13, 3)
En fait, que font les amis de Job ? Ils veulent tenter de donner une explication rationnelle au mal de Job.
Mais posons- nous quelques questions :
Essaient-ils de comprendre la souffrance de Job ? NON
Essaient-ils de justifier cette souffrance ? NON
Essaient-ils d'aider Job à s'en sortir NON
En fait la souffrance de Job les gènes.
Parce que cela va à l'encontre de l'idée qu'ils se font de Dieu. Cela remet en cause leur théologie de la souffrance.
Je pense que quelque part ils ont peur. Si Job est vraiment juste devant Dieu alors la souffrance peut atteindre aussi le juste et non seulement le pécheur. (Ce qui serait plus rassurant).
Dans la discussion avec Job, ils sont en train de défendre leurs théologies, ils essaient de se rassurer.
La véritable raison de l'épreuve de Job se trouve dans le prologue que ni Job, ni ses amis ne connaissent.
- Défi que Satan lance à Dieu « Est-ce d'une manière désintéressée que Job craint Dieu ?
- Le défi aujourd'hui est toujours le même : " L'homme peut-il aimer Dieu gratuitement sans rien attendre en retour ? " Si la réponse est non, alors Dieu serait impuissant à se faire aimer.
- Le vrai amour est forcément désintéressé, il n'attend rien en retour.
- « Si la perfection d'un être c'est d'aimer sa gloire c'est de se faire aimer. »
Si Dieu est aimé parce qu'il donne alors ce ne sont plus des enfants que Dieu a, mais des mercenaires.
Satan vise directement le cœur de Dieu.
(Attention Dieu n'a pas créé l'homme parce qu'il avait besoin d'être aimé, l'amour parfait existe au sein de la trinité depuis toute éternité)
Par rapport au défi qui est lancé, l'épreuve seule peut faire éclater la vérité.
Le défi de Satan atteint aussi l'homme. « L'homme serait-il qu'un consommateur, qui marchande les faveurs de Dieu par sa piété ? »
L'attitude de Job va démontrer qu'il aime Dieu d'une manière totalement désintéressée et que Dieu n'est pas aimé par Job pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il est : DIEU
Le livre confronte les différentes théories sur la souffrance. C'est vrai que la souffrance peut-être :
- Châtiment du péché
- Correction
- Enseignement/Éducation
- Approfondissement spirituel.
Un des buts du livre est de montrer que ces théories ne sont pas applicables dans le cas de Job.
Pourquoi : Parce que Job est innocent. Il est dit de lui qu'il était « Intègre et droit et se détournait du mal » (Job 1, 1)
Quand les épreuves lui tombent dessus il est dit « En tout cela Job ne pécha point par ses lèvres »
La vie du prophète Jérémie ou de Joseph nous montre clairement que la souffrance n'est pas toujours méritée loin de là.
La théorie ou théologie qui voit dans la souffrance un châtiment ou une punition est étroite. Elle peut être néfaste pour ceux qu'elle prend pour cible.
Les amis de Job l'ont accablé plutôt que de la consoler.
Finalement avec leur théologie il réduisaient la piété à un calcul intéressé.
« Bonne conduite pour acheter bonheur »
Notre compréhension de la souffrance correspond souvent à l'image que nous avons de Dieu. (Voire à l'éducation que nous avons reçue, à l'image que nous avons eue de notre père).
Ce livre nous montre une chose la question à se poser n'est pas pourquoi. Question à laquelle ont essayé de répondre les amis de Job.
La bonne question à se poser c'est : « Dans quel but Seigneur ? »
C'est très instructif de regarder l'attitude de Job dans cette épreuve. De voir avec quel esprit il entre dans cette épreuve.
« Alors Job se leva déchira son manteau, et se rasa la tête puis se jetant par terre, il se prosterna et dit je suis sorti nu du sein de ma mère et nu je retournerai dans le sein de la terre. L'éternel a donné et l'éternel a ôté ; que le nom de l'éternel soit béni. En tout cela Job ne pécha point et n'attribua rien d'injuste à Dieu » Job 1, 20 -22.
Au comble de la souffrance Job répand son cœur devant Dieu, il épanche son amertume, mais il reste attaché à Dieu.
Notons que dans tous ses discours Job, crie à Dieu, mais il ne crie pas sur Dieu, il ne pèche pas par ses lèvres.
C'est parce que dans cette épreuve il va rester attaché à l'Éternel que celui –ci va se révéler à lui et va le proclamer juste.
A la fin du livre (chapitre 42) Dieu va montrer à Job combien il est limité en tant qu'homme. Dieu ne donne pas d'explication à Job sur le pourquoi de la souffrance. Dieu est Dieu et il n'a pas à se justifier devant les hommes.
Aujourd'hui ce livre est un puissant encouragement pour ceux qui sont éprouvés.
L'apôtre Jacques fera référence à la patience de Job dans l'épreuve.
Avoir la foi ne veut pas dire évacuer les questions qui se posent à nous sans comprendre. C'est un des enseignements du livre.
Autre enseignement : Dieu seul peut apporter une consolation juste et efficace. Les longs discours des amis n'ont servi à rien.
Attention aux explications rapides, toutes faites, parfois démunies de toute compassion. Les « chrétiens K7 » sont toujours dangereux.
Il est vrai que la souffrance est un moyen d'éducation (pas de reproche à Elihou)
C'est vrai aussi que nul ne ressort d'une épreuve comme il est entré. Mais si elle affine les uns, elle endurcit les autres. D'où l'importance de l'état d'esprit avec lequel je rentre dans l'épreuve et l'image que j'ai de Dieu.
Une des aides de ce livre c'est qu'il ouvre le voile sur le monde spirituel et nous fait comprendre que dans l'épreuve on n'est pas forcément au courant de tout ce qui se passe. Quand on ne peut pas maîtriser la situation c'est à ce moment-là qu'intervient la foi dans la souveraineté de Dieu qui est notre Père.
En parlant de Jésus, la bible nous dit « Homme de douleur habitué à la souffrance »
Dans la lettre aux Hébreux il est dit « Tout fils qu'il était, il a appris l'obéissance par les choses qu'il souffrit ».
Qui oserait dire que Jésus n'était pas juste et droit ?
Pour conclure, je vous propose une manière de comprendre l'épreuve.
« Dieu est souverain, il connaît son « métier de Dieu ». Il sait pourquoi il m'envoie cette épreuve, il saura l'utiliser pour ma sanctification et pour sa gloire. Ceci est une bonne vision de la souffrance, car Jésus a porté sur la croix mon péché. Dieu est juste et il ne punira pas deux fois.
AMEN !
Jean-Pierre